Des entreprises pas du tout à l’Ouest
L’Europe de l’Est regorge de pépites méconnues dans nos contrées. Notre sélection.
Par Blandine Guignier and Julie Zaugg
Fondation : 2003
Siège : Budapest, Hongrie
Effectif : Plus de 8000
CA 2024 (ANNÉE FISCALE AU 31 MARS) : € 5,1 MRD
MRD : WIZZ.L
Cette compagnie aérienne low cost défie ses concurrents de l’Ouest. Voler de manière illimitée pour un coût annuel de 599 euros ? C’est l’offre audacieuse lancée par la compagnie hongroise Wizz Air cet été. Bien que son impact sur les revenus soit jugé " marginal ", selon Gábor Bukta, analyste chez Concorde, elle illustre la stratégie d’expansion agressive du transporteur né en 2003. Après une forte croissance en Europe de l’Est – notamment en Hongrie, Pologne, Roumanie et Ukraine – Wizz Air a considérablement étoffé sa flotte et multiplié les nouvelles destinations en Europe de l’Ouest, particulièrement pendant la pandémie, période durant laquelle ses concurrents restaient sur la défensive.
Cotée à la Bourse de Londres depuis 2015, la compagnie dessert aujourd’hui près de 200 destinations dans 53 pays. " En tant que compagnie ultra low cost, Wizz Air tire l’essentiel de ses revenus non pas de la vente de billets mais des services additionnels qu’elle commercialise, comme les bagages supplémentaires ou la restauration à bord ", explique Yi Zhong, analyste chez AlphaValue. Pour l’année fiscale 2023-24, les revenus de Wizz Air ont bondi de 30,2%, atteignant près de 5,1 milliards d’euros, avec un bénéfice net de 366 millions d’euros. Le nombre de passagers a également progressé de 21,4% pour atteindre 62 millions. Cette dynamique devrait se poursuivre, la compagnie ayant enregistré un record de réservations durant l’été 2024, malgré un contexte marqué par des capacités réduites. Wizz Air prévoit un bénéfice compris entre 500 et 600 millions d’euros pour le prochain exercice.
Cependant, la compagnie fait face à plusieurs défis. " La guerre en Ukraine a eu un impact sévère sur les revenus de Wizz Air, le forçant à abandonner plusieurs routes en Europe de l’Est ", souligne Yi Zhong. Par ailleurs, des problèmes de turbines affectant les moteurs Pratt & Whitney de ses Airbus A320neo ont immobilisé 20% de sa flotte, obligeant la compagnie à louer huit appareils supplémentaires, ce qui, selon Gábor Bukta, coûtera environ 100 millions d’euros cette année. La compagnie doit aussi affronter la concurrence acharnée de Ryanair en Europe de l’Est. " Les deux transporteurs se livrent une véritable guerre des prix ", note Gábor Bukta. Il cite notamment l’exemple de l’Albanie, où l’arrivée simultanée des deux compagnies fin 2023 a fait chuter le prix moyen d’un billet de 15% à 25%.
Pour assurer sa croissance future, Wizz Air se tourne vers l’Est. " Elle a commandé une importante flotte de Airbus A321XLR, un appareil capable de couvrir des vols moyens-courriers ", précise Yi Zhong. Basée à Abu Dhabi, cette nouvelle flotte desservira l’Asie du Sud et de l’Est. Au printemps 2024, Wizz Air a annoncé l’ouverture de liaisons vers l’Inde avec des billets à moins de 200 euros. " Contrairement aux transporteurs traditionnels, qui opèrent ces vols avec des avions à double allée, le A321XLR est un appareil monocouloir, ce qui le rend plus économique à exploiter ", explique l’analyste. Malgré le niveau d’endettement élevé de la compagnie, Gábor Bukta maintient sa recommandation d’achat (BUY), estimant que les défis auxquels elle fait face sont déjà intégrés dans le prix actuel de l’action, qu’il juge sous-évaluée.
Fondation : 1999
Siège : Poznan, Pologne
Effectif : 7000
CA 2023 : PLN 58’373 MIO (CHF 12,77 MRD)
MRD : ALE
Leader de l’e-commerce en Pologne, cette firme a su s’imposer face aux géants américains. Dans les années 2000, Allegro a réussi un tour de force en Pologne : faire bien mieux que eBay, le concurrent américain qui l’avait inspirée. La société a su mobiliser le réseau de PME de son pays afin qu’elles vendent leurs biens sur sa plateforme. Ce succès a propulsé Allegro vers une croissance fulgurante, au point qu’en 2020, en pleine pandémie, elle a fait son entrée en Bourse à Varsovie. Le titre s’est rapidement envolé, prenant la tête de l’indice polonais WIG30, et la valorisation de cette licorne a bondi de 11 à 19 milliards de dollars en une seule journée.
En 2021, un nouveau défi est apparu avec l’arrivée d’un autre géant américain, Amazon, sur le marché polonais. Cette annonce a temporairement fait chuter l’action de Allegro. Pourtant, trois ans plus tard, la société résiste bien. Sa part de marché en Pologne reste stable, avoisinant les 45%, selon Sean Dunlop, analyste chez Morningstar. Fin septembre, il déclarait que " le prix actuel de Allegro représente une opportunité intéressante pour les investisseurs souhaitant une exposition de qualité au commerce électronique. "
En plus de sa plateforme de vente en ligne, Allegro diversifie ses activités dans des secteurs adjacents : publicité, livraison, paiement en ligne, renforçant ainsi son écosystème. La firme a aussi déployé son influence en dehors de la Pologne en 2022 avec l’acquisition du spécialiste slovaque de la logistique WeDo et celle du groupe tchèque de commerce en ligne The Mall Group. Grâce à cette acquisition, Allegro a étendu sa présence en République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, et Croatie, atteignant 19,6 millions d’acheteurs actifs en 2023, une hausse de 39,7%.
Fondation : 1991
Siège : Gdansk, Pologne
Effectif : 43'000
CA 2023 : PLN 17,4 MRD (CHF 3,8 MRD)
MRD : LPP
Détenteur de plusieurs marques de vêtements, dont la très en vogue Sinsay, ce groupe s’est déjà implanté dans près de 30 pays. Une robe fleurie à volants pour 15 euros, une paire de bottines noires pour 30 euros ou encore un blazer rayé bleu marine pour 18 euros. Les coupes sont simples, le style est tendance, sans excès. En Europe de l’Est, la marque Sinsay jouit d’une notoriété comparable à celle de H&M ou Zara. Elle appartient à LPP, un groupe fondé en 1991 à Gdańsk. Dès la fin des années 1990, LPP a commencé à développer ses propres marques, telles que Reserved et Cropp, et à ouvrir des magasins sous ces enseignes. En 2008, l’acquisition d’un compétiteur a permis au groupe d’ajouter House et Mohito à son portefeuille. Sinsay est venue compléter cette offre en 2013.
Aujourd’hui, LPP exploite 2275 magasins dans 27 pays et dispose de portails de commerce en ligne, qui lui permettent de vendre ses produits dans une quarantaine de marchés. Pour l’année fiscale achevée fin janvier, le groupe a enregistré une croissance de 9,3%, atteignant un chiffre d’affaires de 17,4 milliards de zlotys (3,8 milliards de francs). " La majeure partie de cette croissance provient de la marque Sinsay, qui cible un public jeune avec des produits à bas prix ", indique Janusz Pięta, analyste chez mBank. S’inspirant du modèle des pionniers de la fast-fashion, comme Zara, " Sinsay surveille les tendances du marché afin de les décliner rapidement en produits accessibles ", complète Sylwia Jaskiewicz, analyste chez DM BOŚ.
LPP prévoit d’augmenter considérablement le nombre de ses magasins au cours des prochaines années, dans le cadre d’une " stratégie d’expansion agressive ", selon Janusz Pięta. D’ici à 2026, le groupe ambitionne de gérer 4755 magasins, dont 3248 seront dédiés à Sinsay. Cependant, pour atteindre ces objectifs, LPP devra surmonter un obstacle de taille. Début 2024, le groupe américain Hindenburg Research a publié un rapport accusant LPP de continuer à opérer clandestinement en Russie, un marché duquel l’entreprise avait pourtant annoncé son retrait au début de la guerre en Ukraine. En juin 2022, LPP avait déclaré avoir vendu sa division russe – qui représentait un quart de ses ventes – à une entité nommée Far East Services, basée à Dubaï et présentée comme un consortium chinois, pour 382 millions de dollars. Toutefois, selon Hindenburg, cette entité ne serait qu’une coquille vide, créée la veille de l’annonce. De plus, les anciens magasins LPP à Moscou et Saint-Pétersbourg continueraient à vendre ses produits, acheminés par l’intermédiaire du Kazakhstan, selon le rapport.
La publication de ce rapport a entraîné une chute de 36% du cours de l’action LPP. " Cette situation a provoqué une perte de crédibilité auprès des investisseurs ", note Sylwia Jaskiewicz. Désireuse de restaurer son image, la société polonaise se concentre désormais sur d’autres marchés, notamment en Europe centrale et méridionale, avec la Roumanie, la Grèce et l’Italie en ligne de mire. Malgré ces difficultés, Sylwia Jaskiewicz maintient une recommandation d’achat (BUY), estimant que les fondamentaux de la société restent solides. Elle met également en avant les économies substantielles réalisées dans le segment de l'e-commerce.
Fondation : 1990
Siège : Prague, République Techèque
Effectif : 7563
CA 2023 : CZK 36,2 MRD (CHF 1,34 MRD)
MRD : KONN
Cet établissement renommé affûte son offre digitale pour renforcer sa position sur le marché local. Troisième plus grande banque de la République tchèque, Komerční Banka s’est forgée une solide réputation en tant que spécialiste de la banque de détail et des services financiers pour les petits entrepreneurs. Détenue à 60% par la Société Générale, elle compte 1,7 million de clients et les dépôts atteignent plus de 1000 milliards de couronnes tchèques. En 2020, elle a adopté une stratégie ambitieuse pour réduire le nombre de ses agences et numériser ses services d’ici à 2025. Cette transformation vise non seulement à réduire les coûts, mais aussi à accroître les revenus en vendant davantage de produits financiers, notamment via son application mobile.
Les Tchèques, cherchant à maximiser le rendement de leur épargne dans un contexte de taux d’intérêt bas, montrent déjà un vif intérêt pour ces produits. En 2023, le volume des actifs placés par Komerční Banka dans des fonds mutuels, des fonds de pension ou des assurances-vie a progressé de 16%. Les dépôts ont, eux, augmenté de 9,7%et les prêts de 5,5%. La plupart des analystes ont émis une recommandation BUY, jugeant que les fondamentaux de la banque sont solides. Le ratio de capital total, qui permet de mesurer les réserves engrangées pour se prémunir contre les pertes, atteint 18,8%, bien au-dessus des 8% légalement requis en République tchèque. Un autre atout pour les actionnaires réside dans le dividende de 82,66 couronnes tchèques par action, qui offre un rendement de 11,4% en moyenne sur les cinq dernières années (15,3%-5,97%).
Fondation : 2008
Siège : Budapest, Hongrie
Effectif : 454
CA 2023 : HUF 96 MRD (CHF 225 MIO)
MRD : ALTEO
Cette pionnière des solutions vertes en Hongrie dispose de bases solides pour grandir. Fleuron du secteur de l’énergie en Hongrie, Alteo se distingue dans le domaine de la transition énergétique. La firme possède un portefeuille d’actifs diversifiés, qui comprend notamment des centrales solaires, des parcs éoliens, des installations hydroélectriques et des usines à biogaz. En 2023, elle a mis en place une centrale électrique virtuelle intégrant uniquement des sources renouvelables, une première en Hongrie. Cette innovation permet une gestion centralisée et optimisée de plusieurs unités de production d’énergies vertes, renforçant ainsi la flexibilité du réseau. En parallèle, Alteo diversifie ses activités, notamment à travers des filiales spécialisées dans la gestion des déchets ou dans la fourniture d’équipements de recharge pour les véhicules électriques.
Malgré un contexte de baisse des prix de l’énergie en 2023, la firme hongroise a su tirer son épingle du jeu. Lors du premier semestre 2024, son EBITDA consolidé était en baisse de 25% et son bénéfice net de 50% par rapport au premier semestre 2023, mais cela est dû à un année 2022 extraordinaire. Début septembre 2024, la société disposait toujours d’un coussin de liquidités de 10,6 milliards de forints après paiements des dividendes du mois de juin, lui permettant de couvrir confortablement ses obligations à court terme. Alteo demeure pour l’heure un acteur de petite taille encore très exposé au marché hongrois, mais avec la montée en puissance de l’énergie verte dans le mix énergétique européen, la firme est bien positionnée pour capter une part de cette croissance, notamment grâce à son leadership dans les solutions énergétiques intégrées. Une valeur à surveiller.
Fondation : 1990
Siège : Cracovie, Pologne
Effectif : 5'000
CA 2023 : PLN 8’843,7 MIO (CHF 1,94 MRD)
MRD : INPST
Cette firme s’est imposée comme un acteur clé de la livraison de colis en Europe, grâce à son réseau d’automates et de points de collecte. Avec la croissance fulgurante du commerce en ligne, le défi logistique du " dernier kilomètre " est devenu un enjeu central pour les entreprises de livraison. InPost, active dans ce secteur depuis vingt-cinq ans, a su se positionner de manière innovante. Initialement spécialisée dans la distribution de prospectus, l’entreprise a évolué vers les livraisons standards, avant d’introduire en 2009 une innovation majeure : des casiers automatiques permettant aux utilisateurs d’envoyer et de recevoir des colis en libre-service, 24h/24. Ces premiers casiers propulsent l’entreprise vers le succès. En 2020, InPost comptait plus de 10’000 casiers dans toute la Pologne.
Profitant de l’essor du commerce en ligne durant la pandémie, InPost a fait son entrée en Bourse en janvier 2021, quelques mois après son compatriote Allegro, levant 2,8 milliards d’euros. Cette même année, l’acquisition du groupe Mondial Relay (ancienne filiale des 3 Suisses) lui a permis de s’implanter en France, au Benelux et dans la péninsule ibérique. L’expansion s’est pour suivie avec des implantations en Italie et au Royaume-Uni. Aujourd’hui, InPost gère près de 35’500 auto mates et plus de 30’500 points de collecte dans neuf pays, ce qui en fait l’un des plus vastes réseaux européens. Cette stratégie internationale porte ses fruits. Au 2e trimestre 2024 publié en septembre, InPost a surpassé les attentes avec un volume de plus de 264,4 millions de colis traités, représentant une croissance de 20% en Pologne et de 29% sur les autres marchés. Une majorité d’analystes recommande l’achat du titre.
Fondation : 1990
Siège : Budapest, Hongrie
Effectif : 8000
CA 2023 : HUF 594’510 MIO (CHF 1,4 MRD)
MRD : BUD:4IG
Ce groupe s’est imposé en quelques années comme un acteur incontournable de la région. En seulement quelques années, 4iG est passée du statut de société hongroise de taille moyenne à celui de groupe diversifié employant 8000 collaborateurs. Cette transformation débute en 2017 avec le rachat de l’entreprise par Lőrinc Mészáros, première fortune de Hongrie et proche allié du président Viktor Orbán, avant de se poursuivre sous la direction de Gellért Jászai, l’actuel CEO. Entre 2018 et 2024, le chiffre d’affaires net de la société a été multiplié par près de 50, atteignant 328,4 milliards de forints (783 millions de francs) au premier semestre 2024. Parallèlement, le prix de l’action à la Bourse de Budapest a été multiplié par 10, pour atteindre 770 forints (1,84 franc).
Aujourd’hui, 4iG s’est imposé comme un acteur majeur sur le marché hongrois des télécommunications, notamment grâce à des acquisitions stratégiques comme celle de Vodafone Hungary, le deuxième fournisseur mobile du pays, ainsi que celle de la filiale locale du fournisseur internet roumain Digi et de Invitec, une société spécialisée dans les data centers, la fibre optique et les solutions IT. À l’international, 4iG a étendu sa présence en Albanie et au Monténégro via l’acquisition de ONE. Le groupe s’est également diversifié en nouant un partenariat avec le conglomérat allemand Rheinmetall dans le secteur de l’armement et en prenant une participation dans la société israélienne de satellites Spacecom. Selon Nora Nagy, analyste chez Erste Group, la réorganisation en trois entités distinctes – télécommunications, infrastructure et technologies de l’information – ainsi que la consolidation des secteurs spatial et défense en une entité autonome constituent une étape logique qui devrait permettre à 4iG de créer davantage de valeur pour ses actionnaires.
Fondation : 2005
Siège : New York, États-Unis
Effectif : 4000
CA 2024 (ANNÉE FISCALE) : $1,31 MRD
MRD : PATH
Les solutions de cette firme, fondée à Bucarest, sont adoptées par des entreprises du monde entier. Utilisée par des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, allant des multinationales aux entreprises locales telles que des banques, hôpitaux privés ou encore des exploitants de chemins de fer, UiPath est devenue incontournable dans le domaine de l’automatisation des processus robotiques (RPA). La plateforme d’UiPath s’intègre facilement avec des logiciels d’entreprise existants, tels que les systèmes de gestion de la relation client (CRM) ou les progiciels de gestion intégrée (ERP), pour automatiser des tâches répétitives, autrefois réalisées manuellement par les employés. Cela inclut des opérations front-office et back- office, améliorant l’efficacité des entreprises.
Avec l’intégration récente de technologies d’intelligence artificielle, la productivité des utilisateurs d’UiPath ne cesse de croître. " Les avancées en IA au cours des deux dernières années ont permis d’augmenter significativement la performance de la plateforme d’UiPath ", observe Scott Berg, analyste chez Needham & Company. Selon lui, peu d’entreprises peuvent rivaliser avec UiPath, qui détient désormais plus de 35% des parts de marché mondial du RPA, estimé à 3,2 milliards de dollars en 2023 par le cabinet de conseil Gartner. La société devance ainsi des concurrents de renom comme Automation Anywhere (9,7%), Blue Prism (8,7%) et même Microsoft (3,3%). Le fait que cette société, fondée en 2005 à Bucarest, ait réussi à surpasser des géants de la tech est remarquable. Son premier produit d’automatisation, lancé en 2013, a rapidement gagné du terrain. En 2021, lors de son entrée en Bourse à New York, UiPath a levé 1,34 milliard de dollars et sa valorisation a grimpé à 35,8 milliards de dollars.
Quant aux perspectives d’investissement, Scott Berg a émis une recommandation HOLD, soulignant les solides performances de l’entreprise tout en attendant des résultats encore plus probants. " Je souhaite voir un ou deux trimestres de croissance continue avant de recommander l’achat de l’action ", déclare-t-il. L’entreprise fait face à deux défis majeurs : la transition de ses services vers une offre en cloud, et la restructuration de son modèle de commercialisation sous la direction de Daniel Dines, cofondateur et CEO revenu pour piloter cette transformation. Les effets de ces changements devraient être visibles dans les mois à venir. Lors du deuxième trimestre 2024, UiPath a enregistré un chiffre d’affaires de 316 millions de dollars, soit une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente.
Fondation : 1901
Siège : Budapest, Hongrie
Effectif : 11'600
CA 2023 : HUF 805’158 MIO (CHF 1,9 MRD)
MRD : RICHTER
Cette entreprise hongroise rayonne dans plusieurs domaines, grâce notamment à ses investissements massifs en R&D. Fondée en 1901 par le pionnier hongrois de la chimie Gedeon Richter, cette société est aujourd’hui présente dans une cinquantaine de pays, de l’Amérique latine à l’Australie, en passant bien sûr par l’Europe occidentale et la Chine. Son succès prend source dans son refus de se cantonner à la production de génériques après l’ère communiste. Elle a investi massivement dans la R&D, bâtissant le premier centre d’Europe centrale en la matière, et a procédé à des acquisitions dans divers pays occidentaux afin de produire des molécules originales.
La santé féminine constitue l’un des piliers de la société aux 11’600 employés. Ce secteur génère un tiers de ses ventes pharmaceutiques, soit 256 milliards de forints en 2023, soit environ 700 millions de francs (+12% par rapport à 2022). Bien que Gedeon Richter fabrique des pilules contraceptives depuis 1966 et qu’il ait racheté récemment des entités de la belge Mithra, active dans le domaine, son portfolio s’étend au-delà de la contraception, avec par exemple des traitements contre l’infertilité, l’endométriose ou le cancer du col de l’utérus.
Le système nerveux central constitue un autre domaine important pour le groupe, qui commercialise par exemple un antipsychotique prescrit dans le cadre de schizophrénies, aux États-Unis notamment. Grâce à ce médicament, le segment a enregistré une croissance de 41% entre 2022 et 2023 pour s’établir à 206 milliards de forints (environ 560 millions de francs). Outre les produits cardiovasculaires et ceux ne nécessitant pas d’ordonnance, Gedeon Richter se distingue encore par l’accent mis sur les biosimilaires. Le groupe vient d’inaugurer une usine en Allemagne au sein de sa filiale Helm pour tripler ses capacités dans ce dernier domaine. Une majorité d’analystes recommande l’achat du titre.
Fondation : 1933
Siège : Sofia, Bulgarie
Effectif : 1750
CA 2023 : BGN 1874 MIO (CHF 887,3 MIO)
MRD : SFA
Cette entreprise continue de développer sa clientèle grâce à une stratégie intégrée de fabrication et de distribution. " Le principal atout de Sopharma réside dans son intégration complète en Bulgarie, de la production à la vente, en passant par la distribution de médicaments ", explique Tatyana Puncheva-Vassileva, analyste chez Elana Trading. Cette transformation d’une société d’État productrice de médicaments génériques à une entreprise intégrée et cotée à la Bourse de Sofia a été accomplie en l’espace de vingt ans seulement. Aujourd’hui, il s’agit de la deuxième plus grande capitalisation boursière du pays avec une valorisation de plus d’un milliard de leva (BGN), soit environ 500 millions de francs.
En matière de fabrication de médicaments comme de R&D, Sopharma concentre ses efforts sur les génériques : parmi les 200 produits de son catalogue, seuls 15 sont des médicaments originaux et 12 correspondent à des médicaments à base de plantes. La majeure partie de la production est réalisée en Bulgarie, au travers de neuf usines, et une faible part s’effectue en Ukraine. Le groupe devrait aussi prochainement fabriquer en Serbie puisqu’il est en train d’y acquérir le producteur de médicaments Pharmanova. Tournée vers l’exportation, la société fait environ 60% de son chiffre d’affaires dans l’ex-URSS, en particulier la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine. Concernant le marché domestique, Sopharma détient 7% des parts de marché des médicaments en volume et 2% en valeur.
La division distribution de Sopharma est également un pilier du groupe, occupant la troisième place sur le marché bulgare. Ses ventes s’effectuent majoritairement via la chaîne de pharmacies Sopharmacy, qui fonctionne sur un modèle de franchises, et via les hôpitaux. Le grossiste détient plus du quart des parts de marché sur ce dernier canal, ce qui en fait le principal acteur en Bulgarie en la matière. En Serbie, Sopharma semble répliquer son modèle d’entreprise intégrée puisque, en plus du fabricant Pharmanova, il a acquis le distributeur serbe Lekovit en 2019. Dans le segment de la vente de médicaments et cosmétiques aux consommateurs, la chaîne Sopharmacy est passée de 60 pharmacies en 2019 à plus de 220 en 2024. " Compte tenu de la nature du marché, avec son chiffre d’affaires élevé et ses faibles marges, l’échelle est le facteur le plus important pour générer des flux de trésorerie, souligne la spécialiste de Elana Trading.
Pour atteindre cette échelle, il faut des investissements importants en termes d’acquisition de nouvelles pharmacies, ce que Sopharma Trading a réalisé de manière agressive ces trois dernières années. Nous nous attendons à ce que la croissance de Sopharma Trading dans le secteur des produits pharmaceutiques soit tirée par les fusions et acquisitions au cours des cinq prochaines années. " En janvier dernier, après que Sopharma eut voté le plus gros dividende semestriel jamais versé à la Bourse bulgare, à hauteur de 109 millions de BGN, avec un rendement de 12,7%, Elana trading émettait un BUY concernant le titre. " Il existe bien sûr un risque de turbulences géopolitiques sur ces principaux marchés d’exportation et il faut garder un œil sur les ventes dans ce secteur, où les marges baissent et le coût du travail augmente, mais c’est un grand acteur à suivre. "
Fondation : 1961
Siège : Lubin, Pologne
Effectif : 34'000
CA 2023 : € 7,26 MRD
MRD : KGH
Ce groupe bénéficie de la forte demande pour le métal rouge, essentiel aux secteurs des énergies vertes et des nouvelles technologies. Ancienne entreprise étatique, KGHM s’est imposé comme l’un des principaux producteurs de cuivre au monde, avec des réserves estimées à 40 millions de tonnes. Le groupe bénéficie pleinement de la demande croissante pour le cuivre, un métal clé pour les réseaux électriques, les véhicules électriques et les éoliennes. La Pologne, où KGHM exploite trois mines, représente 80% de sa production totale. " Ces gisements sont géologiquement complexes : il faut creuser jusqu’à 1 km sous terre pour les atteindre, explique Jakub Szkopek, analyste chez Erste Group. Cependant, ils présentent une teneur en cuivre relativement élevée, de l’ordre de 1,3%. Or la demande mondiale de cuivre devrait croître de 2% à 3% par an, et des pénuries pourraient apparaître dès 2026. "
En complément de ses activités minières, KGHM dispose de trois fonderies et raffineries qui lui permettent de fournir des produits semi-finis. En dehors de la Pologne, la société privatisée en 1991 exploite la mine de Sierra Gorda au Chili, qui contient 1,3 milliard de tonnes de minerais riches en cuivre, or et molybdène. Le groupe possède également des mines aux États-Unis et au Canada, où il produit du cuivre, de l’or, du nickel et de l’argent. Les ambitions d’expansion de KGHM sont toutefois freinées par les préoccupations environnementales, notamment en Pologne. Cette situation a contraint le groupe à investir massivement dans des technologies vertes, telles que l’énergie éolienne et les mini- réacteurs nucléaires, pour décarboner ses activités. La majorité des analystes maintiennent une recommandation HOLD.
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