15 Techs qui ont de l'avenir

Les firmes de notre sélection ont en commun d’avoir subi une forte chute de leur action en 2022, parfois en dépit de la logique économique. Elles partagent aussi un modèle d’affaires solide et des résultats probants.

Par Bertrand Beauté et Ludovic Chappex

  • Foundation: 2000
  • Headquarter: Sunnyvale (US)
  • Revenues: $3.34 MRD
  • Effectives: 12,000
  • Stock Exchange:

La crise, quelle crise ? Malgré le ralentissement économique mondial, le spécialiste de la cybersécurité américain Fortinet poursuit sa belle croissance. Pour 2022, l’entreprise prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 4,4 milliards de dollars, soit une hausse de 33% sur un an. Et ce n’est pas fini. À plus long terme, Fortinet entend cumuler 8 milliards de revenus en 2025, soit une croissance annuelle de 22%, le tout avec une marge dépassant les 25%. Au regard de ces prévisions et de la taille de la société, Fortinet apparaît comme une valeur sûre. Malgré cela, l’action de l’entreprise, qui faisait partie des cinq titres du S&P 500 ayant le plus performé en 2021, a perdu plus de 20% de sa valeur depuis le début de l’année 2022, quand l’indice des valeurs technologiques américain, le Nasdaq-100, cédait près de 30%. Pour les analystes qui couvrent le titre, le décrochage actuel de l’action Fortinet constitue un bon point d’entrée pour les investisseurs. Une large majorité d’entre eux a émis une recommandation BUY sur le titre.

  • Foundation: 1993
  • Headquarter: Santa Clara (US)
  • Revenues: $26.9 MRD
  • Effectives: 25,000
  • Stock Exchange:

Après l’envolée observée en 2020 et 2021, le secteur de l’électronique grand public, plus gros consommateur de semi-conducteurs, a connu un effondrement spectaculaire cette année. Au troisième trimestre, par exemple, les ventes d’ordinateurs ont plongé de 19,5% par rapport à la même période un an plus tôt, soit la plus forte chute depuis plus de deux décennies, selon une étude du cabinet Gartner. Il s'agit du quatrième trimestre d'affilée de recul. De quoi sérieusement affecter les ventes des spécialistes des puces fabless (sans usine) comme Nvidia, et AMD. Au troisième trimestre, Nvidia a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 5,93 milliards de dollars, en recul de 17% par rapport au troisième trimestre 2021. Depuis le mois de janvier, l’action du géant californien des cartes graphiques a ainsi perdu près de la moitié de sa valeur. Pour autant, la plupart des analystes estiment que les chiffres ont désormais atteint leur plus bas niveau et que l’action Nvidia est prête au rebond.

« Nvidia est sous-évalué », écrit ainsi le gestionnaire d’actifs américain Morningstar, dans une note publiée le 18 novembre. « Nous pensons que les investisseurs à long terme devraient trouver Nvidia attrayant. » À l’unisson, une large majorité des analystes recommandent d’acheter le titre. La raison ? Si les revenus du gaming – très liés à l’univers du PC et aux cryptomonnaies – ont chuté de 51% au troisième trimestre, à 1,51 milliard de dollars, la firme californienne profite de son NVDA avance technologique pour s’imposer sur le secteur en forte croissance du cloud. L’entreprise commercialise des GPU (graphics processing unit) qui équipent les centres de données des géants du cloud comme Amazon ou Microsoft. Au troisième trimestre, les revenus de Nvidia dans le cloud ont ainsi augmenté de 31%, à 3,83 milliards de dollars, et ceux dans l’automobile de 86% à 251 millions. Et ce n’est pas fini : Morningstar anticipe une croissance d’au moins 40% du segment centres de données cette année, grâce à une forte demande pour le GPU H100 – dernier-né de la gamme Nvidia – de la part d’Amazon, Microsoft et Alphabet.

  • Foundation: 1999
  • Headquarter: Neubiberg (DE)
  • Revenues: €14.22 MRD
  • Effectives: 56,000
  • Stock Exchange:

Les marchés boursiers adoptent parfois des comportements incohérents. Depuis le 1er janvier 2022, l’action du fabricant de semi-conducteurs Infineon Technologies a chuté de 22%, quand le DAX – le principal indice boursier allemand dont fait partie Infineon – n’a cédé que 11%. Or, sur son dernier exercice fiscal clos le 30 septembre 2022, la société allemande affiche un chiffre d’affaires en hausse de 29%, à 14,22 milliards d’euros, et un bénéfice de 2,18 milliards d’euros, soit près du double de l’exercice précédent. Et les perspectives sont également réjouissantes : pour l’exercice fiscal qui s’achèvera en septembre 2023, Infineon prévoit un chiffre d’affaires de 15,5 milliards (plus ou moins 500 millions), en hausse médiane de 9%. Marque de confiance, l’entreprise a annoncé en novembre dernier la construction d’une nouvelle usine à Dresde pour 5 milliards d’euros. « Jamais le contexte n’a été aussi favorable », s’est félicité Jochen Hanebeck, le CEO de l’entreprise munichoise, lors de la présentation des résultats le 15 novembre 2022.

Ces belles performances ne manquent donc pas de soulever une question : pourquoi le titre Infineon a-t-il perdu davantage que le marché depuis le début de l’année ? Outre le fait que le secteur technologique dans son ensemble ait été sanctionné par les marchés en 2022, l’action d’Infineon a souffert d’appartenir au domaine des semi-conducteurs. En effet, après une année 2021 record, ce secteur montre des signes d’essoufflement avec une diminution des ventes des produits grand public (PC, smartphones, téléviseurs), principaux consommateurs de puces électroniques. Mais Infineon produit essentiellement des composants électroniques pour le secteur automobile, qui assure près de la moitié de son chiffre d’affaires, un domaine où la pénurie de puces continue de sévir. Résultat : le carnet de commandes de la firme allemande est plein à craquer, s’élevant à 43 milliards d’euros, soit trois fois le chiffre annuel de la société. « Nous sommes portés par trois mégatendances : l’électrification, la digitalisation et la décarbonation », explique Jochen Hanebeck. De quoi séduire les analystes dont une large majorité recommande d’acheter le titre. L’entreprise basée à Genève STMicroelectronics profite également de cette dynamique de marché pour afficher de solides résultats financiers.

  • Foundation: 1986
  • Headquarter: Ra'anana (IL)
  • Revenues: $1.92 MRD
  • Effectives: 7,500
  • Stock Exchange:

Créée par d’anciens soldats israéliens et active à l’origine dans le secteur militaire, l’entreprise Nice Systems s’est réorientée vers des débouchés civils, s’érigeant en référence dans le domaine du CX Cloud. Cet acronyme obscur désigne une offre logicielle intégrée permettant aux entreprises de gérer de bout en bout leur relation client (call center, service après-vente, enregistrement et protection des données, etc.), un domaine considéré comme vital pour la marche des affaires (on parle en anglais de mission critical factor).

Recourant largement à l’intelligence artificielle, les solutions de Nice Systems sont plébiscitées par des firmes aussi diverses que Morgan Stanley, Visa, American Airlines, Radisson Hotels, Accenture ou Toyota Financial Services. Très bien implantée aux États-Unis, mais toujours basée en Israël, Nice Systems est considérée comme une pépite par beaucoup d’analystes.

Au 3e trimestre, la firme a fait état d’une progression de son chiffre d’affaires de 12,3% par rapport à la même période de l’année précédente, à 554,7 millions de dollars. Le bénéfice opérationnel a bondi quant à lui de 33,6%, à 90,3 millions de dollars.

  • Foundation: 2008
  • Headquarter: San Francisco (US)
  • Revenues: $2.84 MRD
  • Effectives: 7,900
  • Stock Exchange:

Une chute phénoménale. Depuis le début de l’année 2022, l’action de Twilio a perdu plus de 80% de sa valeur. La société californienne, qui développe une plateforme de gestion de la relation client en ligne, avait profité des confinements liés à la pandémie pour être portée au firmament boursier. Entre janvier 2020 et janvier 2021, son titre a progressé de 400%, passant d’une centaine de dollars à plus de 400. Une hausse phénoménale et peut-être trop rapide qui s’est traduite par une sanction brutale en 2022 – l’action valant aujourd’hui moins de 50 dollars.

Les analystes estiment néanmoins que le titre est tombé trop bas par rapport au potentiel de la société et recommandent en majorité d’acheter l’action. C’est que la croissance de Twilio reste solide. Sur les trois premiers trimestres de 2022, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars, contre moins de 2 milliards sur la même période en 2021, soit une hausse de 40%. La plateforme qui compte plus de 280'000 clients actifs, dont de grandes entreprises comme Uber, Coca-Cola ou Airbnb, accuse cependant une perte de 35 millions de dollars au troisième trimestre 2022, contre un bénéfice de 8 millions un an plus tôt. Résultat : Twilio n’échappe pas à la vague de restructuration en cours dans la tech américaine : l’entreprise a licencié cet automne 11% de ses employés, ce qui représente 800 à 900 personnes.

  • Foundation: 2007
  • Headquarter: San Jose (US)
  • Revenues: $1.09 MRD
  • Effectives: 5,000
  • Stock Exchange:

Parmi la kyrielle d’entreprises américaines estampillées « cyber-security », la plupart ont subi la foudre des marchés en 2022. La chute des actions des entreprises de cybersécurité semble d’autant plus paradoxale que les attaques informatiques sont de plus en plus nombreuses dans le monde. « Nous pensons que la demande pour les services de cybersécurité devrait rester solide, tirée par un environnement de menace accru », écrit ainsi Morningstar dans une note. Parmi les différents acteurs du secteur, le gestionnaire d’actifs recommande particulièrement les américaines Okta et Zscaler. « Nous pensons que les actions de ces sociétés ont chuté de manière excessive (ndlr : Okta a vu son cours chuter de 80% depuis le début de l’année) face à la montée des incertitudes et des taux, qui a pesé sur les multiples de valorisation », poursuit Morningstar. Spécialiste de la sécurisation du cloud, Zscaler affiche une solide croissance. Sur l’année fiscale 2022, achevée fin août, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 1,09 milliard de dollars, en hausse de 62% sur un an, mais également une perte de 327,4 millions de dollars. Pas de quoi refroidir les analystes qui, pour une grande majorité d’entre eux, recommandent d’acheter le titre.

  • Foundation: 1999
  • Headquarter: Newton (US)
  • Revenues: $503 MIO
  • Effectives: 2,400
  • Stock Exchange:

Auréolée de nombreux prix et distinctions du secteur de la cybersécurité au cours des derniers mois, cette société est une référence pour la gestion des identités numériques. Elle permet aux entreprises clientes de sécuriser les accès de leurs collaborateurs sur tous les types d’appareils et dans tous les environnements (serveurs locaux ou cloud) à partir d’une unique plateforme. La solution de CyberArk s’avère particulièrement efficace pour protéger les comptes à privilèges (ceux des utilisateurs d’une entreprise ayant accès à des données sensibles), or ces comptes sont devenus une cible critique des attaques informatiques. Au dernier trimestre fiscal, la firme a annoncé une progression de son bénéfice de 22,9%, à 120,2 millions de dollars, par rapport à la même période l’an dernier. Une large majorité d’analystes recommande d’acheter l’action.

  • Foundation: 2010
  • Headquarter: San Francisco (US)
  • Revenues: $656.4 MIO
  • Effectives: 3,200
  • Stock Exchange:

« Help build a better Internet. » Le slogan du spécialiste de la cybersécurité Cloudflare déborde de bonnes intentions. Pour autant, depuis sa création en 2010, la société californienne n’a pas été épargnée par les polémiques. Ses offres gratuites de protection contre les hackers (en particulier les attaques par déni de services) ont notamment été souscrites par des administrateurs de sites vantant les mérites de l’État islamique et d’Al-Qaida, comme l’a révélé le groupuscule Anonymous en 2015. Et, en 2019, Cloudflare a dû arrêter de travailler avec la plateforme controversée 8chan, suite à la tuerie d’El Paso qui semble avoir été inspirée par des échanges sur ce forum. Le cours de Bourse de la société connaît également des turbulences. Après avoir atteint son apogée en novembre 2021 en dépassant les 200 dollars, l’action Cloudflare s’échange aujourd’hui sous la barre symbolique des 50 dollars.

Pourtant, malgré ces tempêtes, l’entreprise poursuit sa folle croissance. Cloudflare prévoit de réaliser un chiffre d’affaires compris entre 974 et 975 millions de dollars en 2022, contre 656 millions en 2021 soit une hausse de 48% sur un an, et un bénéfice dépassant les 30 millions de dollars. De quoi satisfaire les analystes couvrant la valeur, dont une moitié conseille d’acheter le titre, quand l’autre recommande de le conserver.

  • Foundation: 1999
  • Headquarter: San Francisco (US)
  • Revenues: $26.5 MRD
  • Effectives: 73,000
  • Stock Exchange:

Aux yeux du grand public européen, le géant des logiciels Salesforce reste bien moins connu que Microsoft. Fondée en 1999, l’entreprise est pourtant devenue en quelques années un monument de San Francisco, à l’image de la Salesforce Tower qui, avec ses 326 mètres de haut, est le plus haut gratte-ciel de la ville. La société californienne, spécialiste des logiciels de gestion de la relation client (CRM) pour entreprises, a notamment racheté en 2020 pour 27,7 milliards de dollars la plateforme Slack, qui propose une série d’outils pour collaborer en ligne sur des projets entre collègues. Grâce à cette acquisition, Salesforce s’est renforcée face aux services numériques dédiés aux entreprises des mastodontes Microsoft Azure et Amazon Web Services (AWS). L’utilisation de ce type de logiciel s’est envolée durant la pandémie avec le recours massif au télétravail. Le chiffre d’affaires de Salesforce est ainsi passé de 17,1 milliards de dollars en 2019 à 26,5 milliards de dollars en 2021 – l’action de l’entreprise passant de moins de 150 dollars en janvier 2019 à plus de 300 en novembre 2021.

Mais, depuis cette acmé, le titre Salesforce a été emporté en 2022, comme la plupart des actions technologiques. La faute à de mauvais résultats financiers ? Aucunement. Malgré la crise, Salesforce reste très solide et en pleine croissance, prévoyant un chiffre d’affaires de 31 milliards en 2022, soit une hausse de 17% par rapport à 2021, et de 50 milliards en 2025. De quoi séduire les analystes dont une large majorité a émis une recommandation BUY.

  • Foundation: 1942
  • Headquarter: Dallas (US)
  • Revenues: $3.2 MRD
  • Effectives: 2,000
  • Stock Exchange:

Lundi 12 septembre 2022, Tinder fêtait ses dix ans. Un joyeux anniversaire pour l’application qui a révolutionné le secteur avec sa technique du swipe (balayage) qui simplifie la sélection des potentiels partenaires amoureux ou sexuels. Si l’on regarde les chiffres, le résultat est clairement positif : avec 450 millions de téléchargements depuis son lancement, 1,5 million de dates par semaine et 75 milliards de matchs en dix ans, Tinder est l’application de dating la plus téléchargée au monde. Mais, du point de vue boursier, la situation s’avère plus complexe. L’action de Match Group, la maison mère de Tinder, mais aussi des applis de rencontre Meetic, Match et Hinge, a vu son cours divisé par quatre depuis son pic d’octobre 2021. Sur l'exercice en cours, le titre réalise l'une des pires performances de l'ensemble de l'indice Nasdaq-100 Index. Son principal concurrent, le numéro deux mondial des applis de rencontre, Bumble (qui a la main sur l'application de rencontre éponyme, ainsi que sur Badoo et Fruitz) a perdu plus de 35% de sa valeur depuis le début de l’année.

Les rencontres en ligne n’auraient-elles plus la cote ? Au contraire. Selon la firme Grand View Research, le marché du dating devrait croître de 5,5% par an, pour atteindre 12,25 milliards de dollars en 2030, contre 7,5 milliards en 2021. Au troisième trimestre 2022, le chiffre d’affaires de Match Group a ainsi augmenté de 1% par rapport à la même période en 2021, avec notamment une hausse de 2% de ses utilisateurs payants. Seul bémol : le secteur du dating est désormais arrivé à maturité et la saturation guette en termes d’offre. Ce qui n'empêche pas les analystes de se montrer optimistes pour Bumble et Match, puisqu'une majorité recommande les deux titres à l'achat.

  • Foundation: 2010
  • Headquarter: New York (US)
  • Revenues: $1.02 MRD
  • Effectives: 3,200
  • Stock Exchange:

Venus de tous horizons, ils ont pour noms Samsung, Maersk, Siemens, Lufthansa, Whole Foods ou encore Dreamworks, pour ne citer que quelques exemples parmi les milliers de clients de Datadog. Cette société new-yorkaise, fondée par deux ingénieurs français, propose aux entreprises des outils logiciels pour surveiller et analyser en temps réel les performances de leurs infrastructures dans le cloud, telles que celles proposées par Amazon Web Services, Microsoft Azure ou Google Cloud. Les environnements dans le cloud des entreprises étant de plus en plus vastes et complexes, l’enjeu pour Datadog est de traiter toujours plus de données, le plus rapidement possible, et de perfectionner ses algorithmes d’IA pour que ses clients comprennent et maîtrisent ce qui se passe dans leurs systèmes.

Les spécialistes de ce secteur soulignent que le marché adressable possède un fort potentiel de croissance rapide et dans la durée. Le 3 novembre, Datadog a annoncé des résultats trimestriels en hausse de 61% par rapport à la même période l’an dernier, à 437 millions de dollars. Le flux de trésorerie d'exploitation s'est élevé à 83,6 millions de dollars, avec un flux de trésorerie disponible de 67,1 millions de dollars.

La firme américaine, actuellement valorisée à 24 milliards de dollars, vient par ailleurs d’annoncer la sortie de deux produits lui permettant de s’étendre dans le domaine de la sécurité dans le cloud. Ces nombreux atouts font de Datadog l’une des valeurs favorites des analystes, dont une large majorité recommande l’achat de l’action.

  • Foundation: 1984
  • Headquarter: Veldhoven (NL)
  • Revenues: €18.6 MRD
  • Effectives: 37,600
  • Stock Exchange:

Les marchés avaient besoin d’être rassurés, ils l’ont été. Le 19 octobre, la firme néerlandaise Advanced Semiconductor Materials Lithography (ASML) a dévoilé ses résultats pour le troisième trimestre 2022 : un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros, un bénéfice de 1,7 milliard et, surtout, un record de commandes passées en un trimestre représentant 8,9 milliards d’euros. De quoi faire bondir le titre d’ASML qui a progressé de près de 50% entre début octobre et fin novembre. Il faut dire que son action avait été malmenée depuis le début de l’année 2022, passant de 800 dollars début janvier à moins de 400 mi-octobre. Avec le ralentissement des ventes d’électronique grand public (PC, smartphones, téléviseurs), les investisseurs craignaient que les commandes d’ASML se tassent. Il n’en fut rien.

C’est qu’ASML est devenue incontournable. L’entreprise fabrique des machines utilisées par presque tous les fondeurs – ces sociétés qui produisent des puces ASML électroniques. Le taïwanais TSMC, l’américain Intel, le sud-coréen Samsung, le chinois SMIC, tous sont des clients de la firme néerlandaise. Elle possède un quasi monopole sur ce marché, fournissant 80% du marché global et 100% pour les équipements les plus récents. Si la baisse des ventes de l’électronique grand public – grande consommatrice de puces – aurait pu toucher par ricochet ASML, l’entreprise a su profiter de la croissance du secteur du cloud et s’attend une nouvelle fois à de bons résultats au quatrième trimestre avec un chiffre d’affaires compris entre 6,1 et 6,6 milliards d’euros. Les analystes se montrent très confiants. Tous ou presque recommandent d’acheter le titre ASML, qui s’échange toujours avec une décote de près de 20% par rapport au mois de janvier dernier.

  • Foundation: 2005
  • Headquarter: Santa Clara (US)
  • Revenues: $5.5 MRD
  • Effectives: 12,500
  • Stock Exchange:

S’il est une entreprise technologique dont l’action a été peu impactée cette année, c’est bien la spécialiste de la cybersécurité américaine Palo Alto Networks. Sur les 11 premiers mois de 2022, le titre n’a cédé que 5% et il n’est pas impossible que d’ici à la fin du mois décembre, il ait retrouvé son niveau de janvier 2022. La firme californienne est spécialisée dans la sécurisation de l’internet des objets (IoT), ainsi que dans la protection des données dans le cloud. Deux secteurs en pleine croissance. Sur l’année fiscale 2022, achevée au 31 juillet, Palo Alto a réalisé un chiffre d’affaires de 5,5 milliards de dollars, en hausse de 29% sur un an, pour un bénéfice de 823,7 millions. Et cette bonne santé financière ne semble pas près de décliner : au premier trimestre de son année fiscale 2023, Palo Alto a engrangé 1,6 milliard, en hausse de 25% par rapport au premier trimestre 2022. L’entreprise s’attend à réaliser un chiffre d’affaires compris entre 8,95 milliards et 9,1 milliards sur toute l’année fiscale 2023, soit une hausse de 20%. De quoi séduire les analystes qui recommandent encore d’acheter le titre, alors même qu’il n’a subi qu’une très légère décote cette année.

  • Foundation: 1961
  • Headquarter: San Jose (US)
  • Revenues: $27.45 MRD
  • Effectives: 20,000
  • Stock Exchange:

Le géant américain des semi-conducteurs Broadcom est au cœur de l’une des plus grosses opérations de l’année. En mai dernier, la société a posé sur la table 61 milliards de dollars en actions et en espèces pour s’offrir le spécialiste des logiciels américain VMware. Si le deal aboutit il s'agira de la deuxième plus grosse acquisition de l'année dans la tech, après le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars. Mais cette opération, qui pourrait être finalisée début 2023, a fait tiquer les autorités de la concurrence. Aux États-Unis, l'autorité antitrust (FTC) a ouvert une enquête, tout comme son homologue britannique la Competition and Market's Authority (CMA). C’est que Broadcom n’en est pas à son coup d’essai. Spécialisée à l’origine dans les semi-conducteurs, l’entreprise est devenue au fil des ans un conglomérat technologique. Si elle fabrique toujours des puces pour ses clients externes, notamment des fabricants de téléphones portables ou d’ordinateurs, elle vend également des produits finis comme des routeurs wifi ou des modems.

Depuis quelques années, Broadcom entend également élargir son domaine d’activité dans les logiciels à coups de méga-acquisitions. En 2019, la firme s’était offert Symantec, qui commercialise le célèbre antivirus Norton, pour 10,7 milliards de dollars. Un an plus tôt, la société avait déjà mis la main sur CA Technologies, un éditeur de logiciels d’entreprises pour 18,9 milliards de dollars. Deux rachats qui ont fait grincer des dents les clients de ces entreprises en raison des hausses de prix appliquées par Broadcom, jugées « spectaculaires » par le cabinet Gartner. Les investisseurs, en revanche, se sont frotté les mains. Entre janvier 2019 et janvier 2022, l’action de Broadcom a vu sa valeur se multiplier par trois. La baisse observée depuis le début de l’année (-20% sur les onze premiers mois) n’a fait que renforcer l’intérêt des analystes qui recommandent presque tous d’acheter le titre.

  • Foundation: 1981
  • Headquarter: Lausanne
  • Revenues: $5.48 MRD
  • Effectives: 8,200
  • Stock Exchange:

« Logitech est une très belle maison située dans un quartier très difficile », nous confiait un analyste lors de la préparation de ce dossier. Active sur les marchés ultra-concurrentiels des périphériques pour PC (vidéoconférence, streaming, gaming, audio, souris, claviers…), la firme suisse se trouve néanmoins dans les bons papiers d’une grande majorité d’analystes. Elle est connue pour mettre haut la barre en ce qui concerne la qualité de ses produits et leur facilité d’utilisation, mais aussi, de plus en plus, pour le soin apporté à leur design. La marque s’est hissée aux avant-postes dans les secteurs de la visioconférence et du jeu vidéo, deux sources de croissance à long terme. Parmi le nombre record de nouveautés dévoilées au cours du dernier trimestre (plus de 20 nouveaux produits), Logitech a lancé aux États-Unis une console portable baptisée G Cloud, en partenariat avec le chinois Tencent pour la partie software. L’engin a reçu un accueil favorable de la part des critiques. Ce ballon d’essai pourrait à terme constituer un nouveau marché important.

En 2020 et 2021, Logitech avait bénéficié à plein des confinements liés à la pandémie, enregistrant une forte hausse de ses ventes. Le boom du télétravail avait propulsé l’action du groupe jusqu’à près de 120 francs au début juin 2021. Le cours avait ensuite fortement corrigé à la baisse, puis avait été pris dans la débâcle généralisée des valeurs technologiques, jusqu’à passer sous la barre des 45 francs en octobre dernier.

Actuellement confrontée à un environnement défavorable (baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, fluctuations des taux de change, difficultés liées aux chaînes d’approvisionnement), la firme suisse a néanmoins les arguments nécessaires pour faire mieux que ses concurrents, selon beaucoup d’experts. Les résultats trimestriels de Logitech publiés fin octobre ont rassuré les analystes. Par rapport à la même période l’an dernier, le chiffre d’affaires a certes reculé de 12% à 1,149 milliard de dollars et le bénéfice de 38,2% à 82 millions de dollars, mais cette prestation est bien meilleure que ce qui était redouté dans le contexte de crise actuel. Le soulagement s’est traduit par la hausse très nette de l’action Logitech au lendemain de l’annonce de ses résultats. Le cours a progressé depuis de plus de 25%. Il fluctue actuellement autour de 55 francs.

La firme est parvenue à réduire ses dépenses d’exploitation (OPEX) de 15% au cours du dernier trimestre en comparaison annuelle. Pour l’année fiscale en cours, elle maintient ses objectifs de chiffre d’affaires, prévoyant une baisse contenue entre 8% et 4%, la période des fêtes étant historiquement propice à de gros volumes de ventes.